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Prothèse de resurfaçage. Reflexions à 4 ans...

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Quelques reflexions sur le resurfaçage de hanche...

Voila 4 ans que je me suis lancé dans l'aventure du resurfaçage de hanche. Il ne me semble pas stupide de faire un premier bilan et d’essayer d’en tirer quelques conclusions. Bien sur ces conclusions n’engage que moi même si mon expérience s’appuie sur une revue approfondie de la littérature et la participation à de nombreux congrès la plupart en langue anglaise.

Je fais maintenant environ 50 resurfaçages par an. Je sais que certains chirurgiens par exemple en Belgique ou en Angleterre ne font que cela ou presque mais je me refuse à ne plus pratiquer qu’une seule intervention.
Pour commencer, je dirai que c’est une technique difficile. En conservant la tête du fémur on n’a plus beaucoup de place pour opérer et toute passe au “chausse pied”. Il faut être très précis et minutieux. Ce n’est pas hélas la plus grande qualité de beaucoup d’orthopédistes. Il est tentant de faire des incisons beaucoup plus grandes et de sacrifier certains muscles pour mieux voir! Ce n’est pas ma philosophie et j’étais un peu effrayé de voir les techniques anglaises au début où le chirurgien ouvrait plus que largement pour être à l’aise. Etre conservateur sur l’os c’est bien, mais si c’est au détriment du muscle cela me semble plus que stupide! Un muscle abîmé ne cicatrise jamais vraiment bien. Avec l’os on fait presque ce que l’on veut; greffes, reconstructions… Un muscle lésé ne pourra quasiment jamais être remplacé. Je ne parle même pas de la lésion d’un nerf moteur qui peut entraîner tout un groupe musculaire dans le néant!
Je ne regrette donc pas mon choix d’associer la voie antérieure au resurfacage. On conserve muscles et os mais comme je me répète, on tombe dans une chirurgie vraiment pas très facile.
J’ai quasiment presque toujours des chirurgiens visiteurs qui viennent apprendre avec moi ces techniques de voies antérieures (malheureusement si peu connu à l'étranger comme en France). Autant la plupart, avec un bon entraînement arrivent à mettre des prothèses classiques de cette manière, autant je pense que très peu seront capable de faire un resurfaçage par voie antérieur. A mon avis il faut au moins avoir fait 500 abords de Hueter pour être vraiment à l’aise et il faut au moins faire 3 ou 4 resurfaçage par mois pour être à l’aise.
A qui s’adresse cette chirurgie: Au patient jeune c’est clair. Si vous avez plus de 60 ans pour un homme et plus de 55 ans pour une femme, il faut passer à la prothèse classique en céramique. Le jeu n’en vaut plus la chandelle!
Nos prothèses classiques fonctionnent dans plus de 95% des cas au moins 20 ans. Après 60 ans même en cas d’hyper activité, les PTH céramiques devraient durer toute votre vie.

Avant 50 ans, on entre dans une zone ou le resurfaçage trouve toutes ces lettres de noblesse. Pourquoi? Le plus simple est de prendre un exemple: Vous avez 46 ans, vous faites encore beaucoup de sport, vous êtes très actif. Il vous reste peut être 40 ans à vivre dont au moins 30 de vie sportive. Nous n'avons absolument aucune statistique sur l’évolution d’une prothèse durant tout ce laps de temps … En 40 ans, votre os va évoluer se modifier, devenir ostéoporotique, et une prothèse parfaitement ajuster à 40 ans ne le sera plus du tout a 65 ans. Même si la céramique est très coriace, on ne connaît pas ses caractéristiques de vieillissement dans un temps aussi long au contact des tissus biologiques.
Il me semble donc pas totalement stupide d’envisager de diviser ces 40 ans de vie en 2 étapes et de pratiquer une resurfaçage qui tiendra de 10 à 20 ans puis ensuite une prothèse plus classique de 60 ans à votre passage devant Saint Pierre! Finalement pour moi le plus grand avantage du resurfaçage c’est sa simplicité de reprise. Mettre une prothèse après un resurfaçage c’est aussi simple que de mettre une première prothèse. Changer une Prothèse de hanche c’est beaucoup plus difficile. Il faut faire une voie d’abord beaucoup plus délabrante, certaine fois casser le fémur, sacrifier du muscle, faire des greffes et j’en passe. Le risque de luxation bondit, les suites sont beaucoup plus difficiles, j’en passe et des moins bonnes!!!

Changer un resurfaçage par une PTH c’est pour moi reprendre la même voie antérieure qui ne touche pas aux muscles, et faire une PTH comme une première fois avec des suites de « première fois ». Si tout se passe comme je le décris on devrait pouvoir vous donnez 30 à 40 ans d’une hanche parfaite. C’est pour moi la principale raison de « faire » du resurfaçage!
Parlons un peu chiffre. En 4 ans j’ai du faire environ 120 resurfaçages. Je mettais 2 heures au début et maintenant que j’ai l’impression de maîtriser la technique on est plus proche de 90 minutes (je mets 60 minutes pour faire une PTH). J’ai mis au point quelques instruments qui me simplifient la tâche car il faut savoir que nous ne devons pas être plus de 5 ou 6 chirurgiens dans le monde à faire cela par voie antérieure. La grande majorité utilise la voie postérieure (que je déteste car on coupe beaucoup trop de muscles à mon gout), les instruments sont fait pour eux! Par voie antérieure, il a fallu réinventer pas mal de chose mais je pense que nous commençons à être au point même si on doit encore pouvoir faire mieux…
Je constate cependant que les suites sont encore un peu plus longues qu’une voie antérieures pour prothèse ou j’ai vraiment 15 ans d’optimisation de la technique...
Nos patients doivent garder les béquilles 3 à 4 semaines pour protéger le col fémoral d’une fracture (surtout après 50 ans). Pas de sports sauf vélo et natation avant 4 à 6 mois…
Ensuite tout s’améliore et les résultats sont très bons.
Si l’on regarde la littérature à 10 ans 95% des patients ont un très bons résultats (on est a 98% avec une PTH céramique mais ce n’est pas tout a fait les mêmes populations que l’on compare)
Personnellement j’ai une fracture du col fémoral chez le patient le plus âgé de ma série (65 ans), patient à qui je ne voulais pas mettre de resurfacage mais qui avait insisté. J’ai été faible mais promis je ne recommencerais plus! Un autre patient m'inquiète un peu car il a des douleurs 18 mois après l’opération. Il a beaucoup forcé et je me demande s’il ne s’est pas fait une fracture de fatigue du col fémoral. Pour l’instant surveillance et repos.
Le reste est globalement bon voir franchement excellent.

Pour finir, un petit détail dont personne ne parle jamais: il arrive que certains patients se plaignent d’un bruit que fait la prothèse. Ca arrive dans la première année et ça disparaît assez vite. Peut être un problème d’hydratation et de rodage? Ce qui est certain c’est que cela ne dure pas!

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