En théorie la tête du fémur est bien ronde et vient s’articuler dans un cotyle en forme d’hémisphère. La parfaite congruence permet en principe à l’articulation de la hanche des mouvements extrêmement amples dans presque tous les sens. On peut faire de la flexion, des rotations internes et externes et des mouvements vers l’extérieur ou l’intérieur (on parle d’abduction et d’adduction). Mais dans ce monde parfait hélas quelquefois la tête du fémur vient jouer les troubles fêtes. La tête du fémur n’est pas aussi ronde qu’on l’a toujours crue et certains d’entre nous avons des troubles de la sphéricité qui vont entraîner à terme une arthrose de la hanche. On imagine très bien qu’une petite bosse qui rentre dans l’articulation dans certains mouvements extrêmes de l’articulation va entraîner des lésions localisées du cartilage. Et ces lésions localisées vont finir par s’étendre et détruire l’articulation.
La genèse de l’arthrose par ces troubles de la sphéricité n’a été bien comprise que depuis très peu (le milieu des années 1990) et toujours par le professeur Ganz. Baptisé « conflit de hanche », ces arthroses débutantes sont à l’origine d’une très grande partie des douleurs de hanche de sujets jeunes et sportifs.
Le jeune sportif se plaint au départ de douleurs dans le pli de l’aine, de craquements ou de blocages fugaces. Au début la radio est parfaite et l’on parle de tendinite ou de pubalgie. On préconise le repos. Le repos n’y fait pas grand-chose hélas et les douleurs sont toujours là. Bien sûr il y a quelquefois des périodes de rémissions mais de manière un peu irrémédiable la gène devient de plus en plus nette et commence même à limiter la vie de tous les jours. Il n’est pas rare à ce moment que la radio soit toujours aussi parfaite et ne met pas en évidence le moindre signe d’arthrose. On complète par un scanner (lui aussi normal) voir par une IRM (pas très bien faite) et la encore tous est normal. Le patient commence à désespérer devant cette douleur et la normalité de tous les examens. |
Malheureusement dans l’articulation, les dégâts du cartilage progressent et de manière un peu inexorable l’arthrose va finir par s’installer. Les radios vont commencer à parler. Arrêt du sport, repos, protecteurs du cartilage voir infiltrations. On commence à parler de prothèse de hanche, mais plus tard car le patient est bien trop jeune…
Beaucoup se reconnaîtront dans cette histoire un peu triste.
Mais la situation pourrait bien s’améliorer dans les années à venir. C’est même déjà du quotidien pour certains. À partir du moment où l’on a bien compris que le problème venait d’un trouble de sphéricité qui se situe toujours ou presque au même endroit, on a proposé de redonner à la tête du fémur un aspect en peu plus « rond » en venant tout simplement limer la zone conflictuelle. Ce geste s’accompagne en général de « réparations » des autres dégâts cartilagineux de la hanche. Cette nouvelle chirurgie semble donner des résultats très intéressants et commence doucement à se rependre au plan mondial. Il a quelques années, on pouvait parler de chirurgie expérimentale, mais maintenant que l’on sait guérir ces lésions débutantes et enrayer le processus arthrogène, elle devient partie prenante de l’arsenal thérapeutique.
On a surtout appris avec le recul qu’il ne faut pas trop attendre et que les bons résultats étaient moins réguliers quand les lésions d’arthroses commencent à se voir à la radio. Un pincement sur une des incidences (pincement = diminution de hauteur du cartilage) est par exemple une contre-indication à cette chirurgie. L’âge aussi compte. Mais en fait c’est surtout que plus on vieillit, plus il risque d’y avoir de dégâts impossibles à réparer.
Cette nouvelle chirurgie, qui se fait maintenant depuis quelques années entierement sous arthroscopie, est cependant révolutionnaire car elle permet à une très grande majorité de patients de retrouver une hanche presque parfaite avec même la possibilité de reprendre des activités sportives. En faisant disparaître le conflit, on peut même imaginer que l’on va protéger l’articulation contre l’arthrose. Il est un peu tôt pour dire par contre si a très long terme, on va éviter à ces patients la prothèse. Ce qui est sur pourtant c’est qu’il s’agit quasiment de la seule technique qui permette d’améliorer une situation qui n’avait pas de solutions auparavant !