Il faut assister à un congrès concernant les prothèses de hanche pour voir qu’il n’y a pas de réponse vraiment claire. On pourrait résumer en disant que ce n’est pas vraiment le problème.
Le ciment date des premières prothèses de Charnley. Celui-ci fixait la tige dans le fémur et le cotyle en plastique avec du ciment acrylique. Il n’avait qu’une seule taille de prothèse alors quand le fémur était très grand, il mettait beaucoup de ciment et quand le fémur était de petite taille, il mettait peu de ciment. Depuis la situation a évolué et le chirurgien dispose de beaucoup plus de tailles de prothèse et peut s’adapter à chaque cas. La manière de préparer le ciment et de le mettre en place a aussi beaucoup évolué. On parle maintenant de cimentage de troisième génération. Les premières générations de tige fémorale étaient en inox ou en chrome cobalt. Cela n’a jamais vraiment posé de problèmes. Dans les années 1980 on a mis au point des prothèses en titane car ce métal semblait beaucoup plus proche de l’os au niveau de sa souplesse. Il y a eu pas mal de soucis dont l’origine tenait à la nature même du titane et du ciment utilisé. Actuellement, le problème est résolu mais on sait qu’il est préférable d’utiliser des tiges en Inox parfaitement polies et de section plutôt carrées.
Les prothèses sans ciment datent du début des années 1970. C’est Robert Judet qui a eu l’idée de fabriquer une tige présentant des aspérités dans lequel l’os va se loger et coloniser la prothèse la fixant à l’os très solidement. Avoir une prothèse totalement intégrée à l’os en se débarrassant du ciment, telles étaient les motivations des premiers concepteurs. L’idée était bonne mais la première réalisation n'eut pas la réussite escomptée. Le saut technologique était probablement trop grand! Si la tige fémorale a donné des résultats assez bons, le cotyle et plus particulièrement l’usure du polyéthylène furent à l’origine de mauvais résultats. Il est actuellement prouvé qu’un cotyle en polyéthylène, lui même bloqué dans une pièce en métal s’use plus rapidement qu’un cotyle en polyéthylène scellé avec du ciment.
Par contre l’accrochage de la tige et du cotyle en métal est à peu près résolu. Certaines prothèses sans ciment ont maintenant 20 ans de recul avec des taux de descellements identiques voire meilleures qu’une tige cimentée.
Depuis un peu plus de 20 ans, certaines prothèses sans ciment sont recouvertes d’hydroxyapatite. L’hydroxyapatite est la forme minérale que prend le calcium dans l’os. Ceci facilite l’ostéointégration de la prothèse à court terme. A long terme les résultats semblent identiques avec une tige sans ciment classique.
La pose d’une prothèse sans ciment nécessite de la part du chirurgien une certaine habitude car il faut sentir la qualité de l’os et trouver la taille qui s’adapte au mieux. C’est sans doute une raison pour laquelle on trouve des prothèses droite et gauche sans ciment.
Il est par contre certain que de plus en plus de chirurgien utilisent des prothèses sans ciment.
Enfin il faut savoir, en ce qui concerne les prothèses cimentées, que chez des patients fragiles, on peut avoir durant l’intervention une baisse de tension importante durant la mise en place sous pression du ciment. Cette baisse de la tension artérielle peut être redoutable et causer de vrais soucis. Un chirurgien anglais très connu, statistique à l'appui parle même à long terme d'une augmentation de la mortalité chez les patients ayant une prothese avec du ciment. Il avance des chiffres de 2 à 3% à 10 ans, ce qui me semble vraiment important...