Comme son nom l’indique, les fractures du cotyle sont des lésions articulaires touchant la partie creuse du bassin qui reçoit la tête du fémur. Les fractures du cotyle entraînent presque toujours une importante « désorganisation » de l’articulation de la hanche. Dans une grande majorité des cas, ces fractures finiront par donner une arthrose sévère de l’articulation à l’origine d’un handicap important. Pire si les modifications anatomiques sont importantes, la mise en place d’une prothèse de hanche risque d’être très difficile et ces fractures ont toujours eu une mauvaise réputation…
Et pourtant, il existe des solutions. Ces solutions passent par une réparation rapide de la fracture. Cette chirurgie a été inventée par des Français à la fin des années 1950. À l’époque les prothèses balbutiaient et les patients qui avaient cette fracture finissaient en grand boiteux ! Emile Letournel, bien connu du grand public par ses succès chirurgicaux sur les pilotes de formule 1, a débuté sa carrière en mettant au point tout un arsenal thérapeutique pour réparer de la manière la plus précise possible ces « mauvaises » fractures. On peut même aller plus loin en disant qu’il est exceptionnel que le travail d’un seul homme ait tant fait progresser un domaine. Avant lui, il y avait le vide ou presque. À la fin de ses jours en 1994, il avait compris et classifié ces fractures, puis mis au point de nouvelles voies d’abord, de nouvelles techniques chirurgicales, opérés un millier de cas et écrit plusieurs dizaines de livres et articles sur le sujet. Il a formé un nombre important de chirurgiens principalement américains d’ailleurs. En France, il n’a pas toujours été bien compris et cette chirurgie ne s’est pas vraiment développée sauf dans certains rares centres. Beaucoup de chirurgiens préfèrent même chez des sujets jeunes attendre et placer une prothèse de hanche. Ce qu’il oublie de dire à leur patient, c’est que la prothèse risque d’être difficile voir impossible à implanter de manière satisfaisante. Le taux d’échec même entre d’excellentes mains dépasse souvent les 30 %. (Taux de réussite sur une coxarthrose banale > 98 %). La prothèse de hanche sur une fracture du cotyle est tout sauf une prothèse de hanche facile.
Malgré la difficulté de cette chirurgie, il nous a toujours semblé comme nous l’a enseigné Emile Letournel qu’une bonne ostéosynthèse (réparation) de cette fracture valait et de loin le handicap d’une absence voir d’une mauvaise réparation suivie par une mauvaise prothèse. Certes cette chirurgie est l’une des plus délicate de l’orthopédie, mais bien exécutée elle donne des résultats fiables et réellement excellents surtout chez des sujets jeunes. Il est vraiment dommage qu’en France à l’instar de ce qui se passe dans beaucoup de pays, ces patients ne soient pas dirigés dans des centres experts où ils seraient pris en charge de manière optimale. Il faudra bien un jour que les chirurgiens acceptent de comprendre qu’on ne peut pas être performant dans tous les domaines et qu’il est impératif de passer la main quand on ne sait plus.
Fracture du cotyle touchant la partie antérieure de l'articulation.Si on laisse ce genre de fracture en l'état sans intervention, la tête du fémur migre vers l'intérieur du bassin et tout l'architecture de la hanche est profondement modifiée. La mise en place d'une prothèse ne pourra se faire qu'avec des greffes osseuses multiples associées à des systemes métalliques de reconstruction. |
L'ostéosynthèse est très nettement préférable car elle permet de conserver la hanche naturelle. Si la réduction est obtenue, les résultats sont tout à fait excellents et ceci très longtemps. Néanmoins, il faut bien reconnaitre qu'il s'agit d'une chirurgie qui demande des chirurgiens très entrainés. Les plaques et les vis ne gênent absolument pas le patient même à très long terme. Il n'est presque jamais utile de les retirer. Si 10 ou 20 ans après cette chirurgie , il faut mettre en place une prothèse de hanche, il n'y aura pas besoin de greffes, ni d'autres artifices.
|